Prendre soin des personnes âgées
Comment faire en sorte que chacun vive dans l’honneur, la dignité et le respect jusqu’à la fin de ses jours ? Comment créer des communautés qui favorisent et protègent l’autonomie, encouragent la confiance et facilitent l’indépendance, au lieu d’augmenter les risques et d’accroître les vulnérabilités ? Ces questions sont au cœur de la discussion sur les droits des personnes âgées au Canada.
Si le fait de vieillir est universel, l’expérience du vieillissement ne l’est pas. Évaluer la capacité d’une personne âgée à fonctionner dans la société en fonction de son âge est à la fois artificiel et trompeur. Malgré cela, il existe de nombreux mythes à propos des adultes plus âgés dans notre culture. Les stéréotypes, les préjugés et la discrimination fondés sur l’âge sont connus sous le nom d’âgisme. À l’échelle mondiale, l’âgisme a conduit à la négligence et à la maltraitance des personnes âgées et à une absence de considération pour leurs besoins psychologiques et émotionnels. En 2015, 8,2 % des adultes âgés indépendants et en bonne santé dans le monde ont déclaré avoir été maltraités, ce qui ne tient pas compte des nombreux cas qui ne sont pas signalés en raison de la honte et de la gêne.
Cependant, la pandémie de COVID-19 n’a que trop bien éclairé le gouffre des mauvais traitements infligés aux personnes âgées. Au Canada, 80 % de tous les décès signalés liés au virus sont survenus dans des établissements de soins de longue durée. Bien que la Loi canadienne sur la santé régisse les services hospitaliers et médicaux « médicalement nécessaires », ces établissements ne sont pas sous la gouverne de l’État, ce qui entraîne un manque d’uniformité. Les personnes atteintes de troubles cognitifs ou de démence ont été encore plus affectées, car elles étaient incapables de comprendre les mesures protectrices : les visages couverts et les voix étouffées étaient une barrière de plus. En outre, les médias sociaux ont été le terrain de « blagues âgistes » laissant entendre que la COVID-19 touchait exclusivement les personnes âgées et que leur vie avait moins de valeur. De plus, les personnes âgées vivant en couple ont une moins bonne qualité de vie dans les établissements de soins de longue durée, car elles sont souvent séparées de leur conjoint en bonne santé, qui doit alors faire la navette tous les jours pour voir la personne qui partage sa vie. Le stress supplémentaire nuit à la santé émotionnelle des deux partenaires, accélérant la dégradation de leur état et les forçant à vivre séparés.
En d’autres termes, l’âgisme a un coût réel au niveau individuel et systémique. Ce préjugé, comme tout préjugé, laisse perplexe. Le vieillissement est universel et la façon dont une société le perçoit est révélatrice de la façon dont ses membres seront soutenus dans leur vieillesse.
Il est donc nécessaire d’établir un nouveau discours. Au lieu de parler de la vieillesse et du vieillissement comme d’une simple préparation à la fin de vie, parlons-en plutôt en termes de modes de vie, d’amour et de contribution des individus. Laissons les personnes participer au projet de leur vie tout au long du cycle, en tenant compte de la façon dont leur santé ou leur situation peuvent changer. Construisons des systèmes de soins où l’autonomie, la dignité et la prise de décision d’un individu sont prioritaires et représentatives de ce que les personnes âgées souhaitent réellement. Cela nécessite d’augmenter et de répartir les ressources des soins intensifs et urgents aux soins de longue durée. Cela nécessite de soutenir les soignants qui sont en mesure de combler les souhaits des personnes âgées.
Ces questions et bien d’autres seront abordées lors de la 46e conférence annuelle de l’ICAJ sur « Le droit à la dignité en droit canadien », qui aura lieu du 26 au 28 octobre 2022 (en personne à Halifax et en ligne).
Des panélistes chevronnés offriront leur expertise et leur expérience personnelle au lors du panel 8, qui porte sur la dignité dans le vieillissement :
Modérateur
- L’honorable Jon S. Sigurdson, juge à la retraite, Cour suprême, Colombie-Britannique
Conférenciers
- Dr Nathan Stall, MD, Ph.D., gériatre, Sinai Health, Toronto
- Ann Soden, Ad. E., directrice générale, Clinique juridique des aînés et Institut national du droit, de la politique et du vieillissement
- Nora Spinks, fondatrice, présidente et PDG, Work-Life Harmony Enterprises
Mots clés du Panel 8 : maltraitance, négligence et exploitation des personnes âgées, discrimination fondée sur l’âge, réglementation en matière de logement et de facilitation des soins, changements intervenus après la première vague de COVID-19 et questions en cours, consentement, capacité mentale et prise de décision sans influence abusive, tutelle et prise de décision des mandataires désignés par les tribunaux.
D’autres billets sur la dignité sont publiés à la page suivante: https://ciaj-icaj.ca/fr/blogue/
Aperçu de la conférence
La 46e conférence annuelle de l’ICAJ, intitulée « Le droit à la dignité en droit canadien », abordera la dignité en tant que droit fondamental de la personne. Le concept de dignité sera étudié sous divers angles, notamment moral et philosophique, sans oublier son application en tant que norme juridique. La discussion prendra appui sur certaines questions essentielles, comme le rôle de la dignité dans l’identité de genre et les droits en matière de procréation, l’aide médicale à mourir, les soins aux aînés, les droits des personnes handicapées et les droits à l’égalité. Le rôle de la dignité sera également abordé dans le contexte des systèmes de justice pénale et carcérale canadiens, particulièrement en ce qui concerne les peuples autochtones, la justice réparatrice, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, et la réconciliation.