Découvrez notre conseil d’administration : le professeur Bradford Morse

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mercredi, 8 décembre 2021
Publié dans Dernières nouvelles

Depuis sa création en 1974, l’ICAJ s’emploie à promouvoir une saine administration de la justice ainsi qu’à soutenir la communauté juridique de toutes les manières possibles. L’ICAJ tient à remercier les membres de son conseil d’administration, qui partagent leurs compétences et œuvrent à l’amélioration du système de justice avec cœur et intelligence, au bénéfice de la société tout entière. Les actions et programmes de l’ICAJ ne seraient pas possibles sans le dévouement de ces professionnels remarquables.

Texte original en anglais

 

Que représente l’ICAJ pour vous ? 

L’ICAJ est une organisation que j’ai toujours admirée, car c’est vraiment la seule association au Canada qui rassemble tous les membres de la communauté juridique, encore plus que l’ABC [Association du Barreau Canadien], puisqu’elle comprend des membres de la magistrature ainsi que des non-avocats intéressés par l’administration de la justice au Canada en tant que participants actifs ainsi que des avocats, des professeurs de droit et des étudiantes et étudiants en droit.

Je suis membre du CA depuis 2017 et je siège actuellement aux comités suivants: planification de l’éducation et de la recherche, planification stratégique, finances et vérification, et gouvernance. Mes contributions les plus importantes ont été faites par le biais de ces divers comités et de mon rôle dans la planification de la Conférence annuelle 2021 sur les peuples autochtones et le droit.

Pourquoi est-ce important pour vous d’être actif et de vous impliquer en marge de votre fonction ?

En tant qu’universitaire, je jouis d’une position merveilleuse qui me permet d’enseigner à des groupes sans cesse renouvelés d’étudiants en droit extrêmement brillants et motivés, qui reflètent la mosaïque canadienne actuelle et qui veulent améliorer la qualité et l’équité de notre système de justice – en commençant par celles et ceux qui s’impliquent auprès de cliniques juridiques et d’Étudiant(e)s pro bono du Canada (EPBC), qui est en train de changer la nature et le visage de notre profession. En plus de poursuivre des recherches sur des sujets qui m’intéressent et que je crois importants pour le public, j’ai également l’occasion de contribuer à l’amélioration de la vie des Canadiens en faisant du bénévolat dans des organismes sans but lucratif et des organismes de bienfaisance.

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre travail ?

La possibilité d’interagir quotidiennement avec des étudiants, des collègues et des membres de la profession juridique merveilleux, intelligents et très diversifiés.

Y a-t-il une cause qui vous tient davantage à cœur ?

Dès l’époque où j’étudiais le droit à l’Université de la Colombie-Britannique, j’ai eu l’immense chance d’avoir de nombreuses occasions de travailler sur un large éventail de questions : droits des autochtones, protection de l’enfance, revendications territoriales, réforme constitutionnelle, les systèmes judiciaires, les questions urbaines, les droits des Métis et bien plus encore, et ce, dans le cadre de nombreux rôles différents, depuis plus de 40 ans.

Pensez-vous que la justice évolue avec la société ? Plus vite/moins vite ?

Les sociétés peuvent changer et changent effectivement leur perception de ce qui est juste [dans le sens d’équité] et de ce qu’est la justice. Au cours de ma vie, j’ai été témoin d’avancées incroyables pour éliminer le racisme et la discrimination à l’égard des femmes, des PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur), des personnes handicapées, des personnes âgées, des immigrants, des adeptes du judaïsme et de l’islam, et des membres de la communauté LGBTQ2S+, de nombreux membres de cette dernière n’étant protégés que depuis quelques années. L’objectif de traiter tous les individus sur un pied d’égalité, sans que cela se limite à un traitement identique, a constitué un grand pas en avant au Canada. Nous avançons beaucoup plus rapidement qu’il y a dix ans. Néanmoins, le processus n’est pas aussi rapide qu’il le faudrait, et il n’est pas non plus uniforme ou durable. Nous assistons à d’importants reculs aux États-Unis, où l’on cherche à priver les gens de la possibilité de voter en dehors des heures de travail habituelles, tandis que de nombreux États tentent de retirer complètement le droit de vote à un grand nombre de personnes dont le seul « crime ».est de ne pas avoir voté pour des candidats républicains. Ces reculs se produisent très rapidement. Les changements intervenus aux États-Unis au cours de l’année dernière devraient nous faire réaliser que l’amélioration de notre système de justice et le traitement de toutes les personnes avec dignité peuvent se produire rapidement lorsqu’il existe un engagement politique et administratif pour y parvenir, mais que les choses peuvent être renversées encore plus rapidement.

Quelle est la dernière loi ou débat public qui vous a marqué ?

Pour moi, cela a été le changement profond et incroyablement positif de l’attitude de la grande majorité des canadiens à l’égard de l’histoire horrible et des politiques génocidaires des pensionnats autochtones (appelés autrefois pensionnats indiens) mises en œuvre en notre nom par le gouvernement du Canada et les organisations religieuses qui géraient ces écoles. Alors que de nombreux Canadiens affirment aujourd’hui qu’ils n’avaient aucune idée de ce qui se passait dans ces écoles, cette information était facilement accessible et pourtant ignorée. Cette ignorance « bien pratique » a volé en éclats, de sorte que nous devons maintenant trouver une nouvelle voie à suivre en tant que pays. Bien que la Commission de vérité et de réconciliation ait eu un impact monumental, renforcé par l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, nos ministres provinciaux et fédéraux ont réussi à dire beaucoup de bonnes choses sur l’engagement à mettre en œuvre les recommandations des deux commissions, mais les actions réelles des diverses administrations ont été douloureusement lentes ou inexistantes.

Que pensez-vous de l’exposition sur Internet des affaires juridiques ?

Je pense qu’il y a une nette distinction à faire entre la télédiffusion des procès et des audiences des cours d’appel, que je soutiens pleinement, et l’intervention par le biais des réseaux sociaux, où des individus n’ayant aucune idée de ce qu’est la loi ou des questions juridiques en jeu peuvent exprimer des opinions sans aucune considération sur ce qui se passe réellement et sur les impacts qui peuvent découler de leurs commentaires. Nous regardons « Judge Judy » et d’autres émissions de télévision du même ordre depuis des décennies, mais au moins elles avaient un certain fondement juridique. Les commentaires sur Facebook peuvent être biaisés et destructeurs, comme nous le constatons dans les discours anti-vaccin et l’islamophobes, etc. L’Internet peut par contre grandement faciliter l’administratrion de la justice à un coût bien moindre pour les plaideurs et éliminer les déplacements grâce à des initiatives bien encadrées et bien gérées, comme, par exemple, le Civil Resolution Tribunal en Colombie-Britannique.

Êtes-vous présent sur les médias sociaux ? Si oui, comment ? Pensez-vous qu’ils favorisent l’accès à la justice pour tous ?

J’ai des comptes Facebook, LinkedIn, Twitter et Instagram, mais j’utilise davantage les deux premiers que les deux derniers. Je les utilise pour partager des informations et communiquer avec les personnes que je connais. Je ne pense pas qu’ils favorisent actuellement « l’accès à la justice pour tous » ou même pour beaucoup de gens.

Avez-vous une référence/influence/modèle dans ce milieu ? Pourquoi ?

Si vous entendez par là les droits des autochtones, il s’agit du professeur Michael Jackson de la Peter A. Allard School de l’Université de la Colombie-Britannique (qui m’a donné mon premier cours sur les droits des autochtones en 1974), du chef Joe Mathias (qui était mon camarade de classe et ami à l’Université de la Colombie-Britannique), de Georges Erasmus, de Phil Fontaine, de Murray Sinclair et de bien d’autres.

Quel est le plus grand défi auquel vous avez fait face dans votre parcours ?

Apprendre à dire NON et connaître mes limites.

Lorsque vous avez choisi d’étudier le droit, pensiez-vous ensuite poursuivre une carrière de professeur ?

Non. J’avais l’intention de devenir un avocat actif dans le domaine de la protection de la famille et de l’enfance, luttant pour l’intérêt supérieur des enfants et des femmes, afin qu’ils obtiennent le revenu et la pension alimentaire qui leur ont été promis par des décisions de justice, mais qui souvent ne sont jamais reçus.

Si vous n’étiez pas devenu professeur qu’auriez-vous aimé faire d’autre ?

Être un militant à plein temps pour le changement social.

Avez-vous une activité ou un passe-temps favori ?

J’avais l’habitude de jouer au tennis, au squash et au golf, mais il ne reste que le golf et je n’y ai pas joué depuis trois ans. Donc, on dirait bien qu’à présent, ce serait de regarder la télévision et des films à la fin d’une longue journée.

Y a-t-il un message que vous aimeriez passer aux jeunes qui envisagent de devenir professeur de droit ? 

Il s’agit d’une carrière vraiment formidable, car vous interagissez avec des étudiants et des collègues très intelligents, vous pouvez avoir un impact positif sur beaucoup d’entre eux, vous apprenez en permanence car vous voulez vraiment être un expert, mais vous êtes également prêt à répondre à toutes les questions intéressantes que les étudiants vous posent – et à revenir avec des réponses si vous ne les connaissiez pas quand on vous a posé la question la première fois. Vous pouvez consacrer une grande partie de votre temps à la recherche et à l’écriture sur des sujets de votre choix qui, espérons-le, vous fascinent et vous enthousiasment, et vous pouvez partager ces connaissances de manière à améliorer la compréhension humaine. Et vous êtes payé pour cela. C’est un peu comme si vous étiez un enfant dans un magasin de jouets et qu’on vous disait que vous pouvez choisir ce que vous voulez.


À propos du professeur Bradford Morse

Membre du Conseil d’administration de l’ICAJ depuis 2017
Professeur de droit à l’Université Thompson Rivers à Kamloops, Colombie-Britannique, Canada ; Professeur honoraire de droit à Te Piringa – Faculté de droit, Université de Waikato, Nouvelle-Zélande ; Professeur émérite, Université d’Ottawa, Faculté de droit, Section de Common Law ; Professeur associé de l’Université Jiao-tong de Pékin (Beijing) ; et Professeur associé à la Faculté de droit de l’Université Münster, Allemagne

Le professeur Morse a été doyen de la Faculté de droit de l’Université Thompson-Rivers de 2015 à 2019, après avoir été doyen et professeur de droit de septembre 2009 à décembre 2014 à l’Université de Waikato, en Nouvelle-Zélande. Il reste professeur honoraire de droit à Te Piringa – Bradford Morse est professeur émérite et était auparavant professeur de droit à l’Université d’Ottawa, où il a été vice-doyen et directeur des études supérieures. Il a été directeur général du Native Legal Task Force de la Colombie-Britannique, directeur de recherche de l’Enquête publique sur l’administration de la justice et les peuples autochtones du Manitoba et chef de cabinet de l’honorable Ronald A. Irwin, O.C., ministre canadien des Affaires indiennes et du Nord canadien. Il a été conseiller juridiqauprès de nombreuses Premières Nations au Canada ainsi que d »organisations autochtones nationales et régionales. Il a été avocat général du Conseil national des autochtones du Canada. Il a également conseillé l’Association des Iroquois et des Indiens alliés pendant l’élaboration de la Loi constitutionnelle canadienne de 1982. Au cours de sa carrière, Bradford Morse a été chercheur invité dans un certain nombre d’écoles de droit à travers le monde. Il est l’auteur de plus de 100 articles, livres, chapitres de livres et rapports de commissions. Il a également été membre du comité de rédaction de cinq journaux différents ; directeur du Council of Legal Education de Nouvelle-Zélande ; de la Continuing Legal Education Society de la Colombie-Britannique ; du Vancouver International Arbitration Centre ; du Centre for Seniors Information, Kamloops ; membre de la Fédération des ordres professionnels de juristes du Comité national sur les équivalences des diplômes de droit du Canada et de son comité d’appel. Il est membre du conseil d’administration de l’ICAJ depuis 2017.

Biographie intégrale (en anglais)

À propos de l'auteur

ICAJ

ICAJ

Fondé en 1974, l’Institut canadien d’administration de la justice (ICAJ) rassemble les individus et les institutions au service de l’administration de la justice et vise à promouvoir l’excellence en favorisant l’acquisition de connaissances, la formation et l’échange d’idées. L’ICAJ offre de la formation sur mesure et des programmes multidisciplinaires conçus pour tous les acteurs du système de justice, rédige des rapports et émet des recommandations pouvant servir d’assise au changement.